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Budget fédéral 2022

Dans son deuxième budget en tant que ministre des Finances, Chrystia Freeland a proposé un plan économique beaucoup plus prudent pour le Canada que ce qui avait été prévu, surtout si l’on tient compte de son premier budget en avril 2021, du programme électoral de son parti l’automne dernier et de l’accord de soutien et de confiance du gouvernement Trudeau avec les Néo-Démocrates. ​

Ce budget marque le début de la fin des soutiens en cas de pandémie. Le rythme du retrait est mesuré comme il se doit, mais l’objectif est clair : le gouvernement du Canada met fin aux mesures temporaires qu’il avait instaurées à la suite de l’affaire COVID-19.​

Le budget reflète l’accord récent avec le NPD, en ce sens qu’il signale des progrès sur les priorités clés de ce parti, mais l’impact est très concentré sur quelques engagements politiques précis. En fait, l’impact de cet accord est circonscrit par des considérations externes, qui ont clairement exercé plus de pression sur les choix du gouvernement que l’accord de confiance et d’approvisionnement. Nous sommes en effet bien loin du Reconstruire en mieux.​

Pour l’essentiel, le budget fédéral 2022 est façonné par des forces mondiales qui ont limité le champ d’action du gouvernement et concentré son attention sur quelques grandes priorités : le logement, les changements climatiques et la guerre en Europe. Ce n’est pas le budget qui avait été prévu lorsque le premier ministre Trudeau a choisi son conseil des ministres et rédigé leurs lettres de mandat. C’est le budget que le monde et toutes ses incertitudes ont imposé au Canada.​

Vous pouvez également télécharger notre analyse budgétaire ici.

Pour de plus amples renseignements ou pour obtenir de l’aide afin d’engager le gouvernement sur l’une ou l’autre des annonces budgétaires, contactez votre équipe Navigator ou écrivez à info@navltd.com.

Le commentaire de David Suzuki sur les pipelines «qui vont exploser» est une incitation à l’éco-terrorisme

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

C’est officiel: David Suzuki est allé trop loin. Lors d’une manifestation organisée par le groupe extrémiste qui milite contre les combustibles fossiles, Extinction Rebellion, et ultérieurement lors d’une entrevue accordée à CHEK News, Suzuki a déclaré: «Nous sommes dans la merde… Voilà où nous sommes rendus. La prochaine étape après cela … des pipelines vont exploser si nos dirigeants ne font pas attention à ce qui se passe.»

Suzuki a beau avoir déclaré plus tard au National Post qu’il n’était pas en faveur de l’explosion de pipelines, il ne peut être assez naïf pour croire que son «avertissement» ne pourrait pas avoir de conséquences. C’est comme si le président américain Donald Trump réprimandait une foule en colère en leur disant: «Si vous ne vous battez pas de façon plus convaincante, vous n’aurez tout simplement plus de pays», dans les heures précédant l’assaut de la foule contre le Capitole. «Je n’incite personne à la violence! J’exprime seulement une opinion! Circulez, rien à voir ici.»

Sauf qu’il ne s’agit pas seulement d’exprimer une opinion. Comme l’a souligné à juste titre le ministre de l’Environnement de l’Alberta, Jason Nixon, «David Suzuki est tellement déconnecté de la réalité qu’il prône l’éco-terrorisme … envers les Canadiens et les industries – c’est complètement inacceptable et extrêmement imprudent.» Le premier ministre Jason Kenney, sans doute reconnaissant d’avoir l’attention détournée de ses problèmes actuels, a tweeté: «Cette incitation à la violence de David Suzuki est dangereuse et devrait être condamnée par tout le monde. Au Canada, nous résolvons nos différends de manière pacifique et démocratique, et non par des menaces de terrorisme ou des actes de violence.»

Même la Fondation David Suzuki a désavoué ces propos, publiant un fil Twitter dans lequel elle affirmait que Suzuki parlait en son propre nom (malgré le fait qu’il portait une veste de la Fondation lors de l’incident). La Fondation a ajouté que les commentaires de Suzuki étaient une «réflexion sur la frustration accrue» des Britanno-Colombiens en réponse aux dômes de chaleur, aux incendies de forêt et aux rivières atmosphériques qui ont affligé leur province «alors que le gouvernement de la Colombie-Britannique continue de développer les infrastructures des combustibles fossiles, y compris les usines de GNL et les pipelines.»

Bien que la situation en Colombie-Britannique soit épouvantable et des plus déchirantes, des actes d’éco-terrorisme ne l’amélioreront pas. Ce terme, «éco-terrorisme», a été inventé en 1983 par l’écrivain Ron Arnold en référence à «un crime commis pour sauver la nature». Il faisait référence à des actes commis par des personnalités comme le Unabomber, Ted Kaczynski, qui a tué trois personnes et blessé deux douzaines d’autres au nom de l’anti-industrialisation. L’éco-terrorisme a récemment fait la une des journaux à propos de la nouvelle directrice du Bureau of Land Management du président Joe Biden, Tracy Stone-Manning, qui, en tant qu’étudiante, était impliquée dans un groupe extrémiste appelé Earth First et avait écrit une lettre au US Forest Service en 1989 dans laquelle elle prévenait: «PS: Si vous entrez quand même, mes salaud, beaucoup de personnes pourraient être blessées.»

Pour ceux d’entre nous qui avons grandi avec The Nature of Things et qui se soucient à la fois de l’environnement et de l’économie, il est bien triste de voir une icône comme Suzuki aller dans cette direction. Il est déjà assez difficile de le prendre au sérieux depuis que le Toronto Sun a rapporté qu’un homme qui appelle les autres à limiter leur empreinte carbone possède quatre maisons, dont un manoir à Vancouver et une résidence en copropriété avec une entreprise de combustibles fossiles. Suzuki a également cinq enfants, ce que l’organisme Extinction Rebellion désapprouverait sans aucun doute, ayant inspiré le mouvement Birthstrike des femmes qui refusent de se reproduire pour ne pas exacerber les changements climatiques…

La réalité est que tant que nous n’aurons pas trouvé un substitut fiable et évolutif aux combustibles fossiles, faire exploser des pipelines n’apportera rien. Des alternatives se profilent à l’horizon: l’électrification sera utile, mais a ses propres impacts environnementaux en raison de la production et de l’élimination des batteries. L’hydrogène est un concurrent possible, mais la technologie est à des années encore d’un déploiement de masse. En attendant, les sociétés énergétiques travaillent avec diligence sur la capture du carbone et l’extraction responsable afin de minimiser l’impact de l’utilisation des combustibles fossiles.

Au lieu d’avertir d’actes de violence si «nos dirigeants ne font pas attention à ce qui se passe», Suzuki devrait soutenir les efforts des secteurs public et privé pour résoudre le problème. Le malheur, la morosité et l’éco-terrorisme ne sauveront pas la planète, mais l’ingéniosité, la technologie et l’optimisme pourraient bien le faire.

Une bouée de sauvetage politique arrive pour Erin O’Toole, gracieuseté du NPD

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

Noël est dans six semaines, mais la saison des cadeaux a déjà commencé à Ottawa. Cette semaine, le NPD a remis un gros cadeau à Erin O’Toole lorsque le député Charlie Angus a confirmé lundi qu’une «première conversation» avait eu lieu entre le chef du NPD, Jagmeet Singh, et le premier ministre, Justin Trudeau, au sujet d’une éventuelle coopération libéral-NPD lors de la nouvelle session parlementaire.

Du même souffle, Angus a minimisé l’importance de la conversation comme n’étant rien de plus qu’une «première rencontre», mais le mal était fait. Les journalistes se sont lancés à la recherche de sources supplémentaires: deux sources du NPD ont déclaré à Global News que les discussions étaient «informelles», tandis qu’une source libérale, semblant tout droit sortie de l’ancienne émission Yes Minister de la BBC, a déclaré à la CBC qu’«il n’est pas exact de dire qu’il y a un accord ou des pourparlers formels pour conclure un éventuel accord formel.»

O’Toole a immédiatement sauté sur la nouvelle, déclarant lundi qu’un accord entre le NPD et les libéraux était une notion «radicale» qui entraînerait «des milliards de dollars de nouvelles dépenses pour acheter le silence de Jagmeet Singh». Il a aussi martelé ce message lors d’une conférence de presse mardi matin, où il a dévoilé les changements apportés à son cabinet fantôme. Cela comprenait le retour du chien de garde Pierre Poilievre en tant que porte-parole en matière de Finances, dont le principal travail sera de tenir les libéraux responsables de la hausse de l’inflation. «Je veux quelqu’un qui sera tenace», a expliqué O’Toole, offrant un autre signe que l’abordabilité sera la carte de visite des conservateurs lorsque la Chambre reprendra dans quelques semaines.

Cette histoire de coalition a donné à O’Toole une ouverture – certains diraient une bouée de sauvetage – pour remplacer le narratif des récentes controverses sur la vaccination dans son caucus par un focus sur l’économie, et pour qualifier les conservateurs de champions des familles canadiennes. Selon O’Toole, «nous serons le porte-voix de la classe moyenne. Pour tous ceux qui luttent contre la hausse du coût de la vie.»

Et les coûts explosent en effet: 4,1% d’inflation en août, par rapport à un an plus tôt, et 4,4% pour septembre. La Banque du Canada prévoit que l’inflation pourrait atteindre 5% d’ici la fin de l’année. Alors que la BdC dit que le phénomène est «transitoire», elle prédit aussi maintenant qu’il ne sera pas «de courte durée», ce qui signifie qu’il pourrait durer plus longtemps que l’espérance de vie typique de 18 mois d’un gouvernement minoritaire.

C’est une mauvaise nouvelle pour Trudeau. Cela survient également juste après la disparition du ministère de la Prospérité de la classe moyenne du premier ministre, tant vanté, de son nouveau cabinet. Trudeau a bourré son équipe d’acolytes de gauche et de grands dépensiers, tout en montrant la porte à des voix plus pragmatiques comme Marc Garneau et Jim Carr. Un tel cabinet n’est pas seulement prêt à mettre en œuvre une vision du gros gouvernement; il est probablement plus favorable aux types de politiques réclamées par les néo-démocrates, dont dépendent désormais les libéraux.

Ce type d’alliance, formelle ou non, placerait Trudeau dans une impasse. Ses électeurs s’attendent à ce qu’il tienne ses promesses de dépenses, y compris celle des garderies. Mais injecter plus de dépenses gouvernementales dans l’économie aggrave l’inflation, et plus de dette fédérale augmente la perspective de futures hausses d’impôts. Il n’est pas clair si les électeurs voudront payer plus pour un gros gouvernement s’ils paient déjà plus pour l’essence, la nourriture et le logement.

C’est alors qu’entrent en jeu les conservateurs, qui ont tendance à faire mieux, et à présenter un front plus uni, lorsqu’ils se concentrent sur les questions économiques, plutôt que sur les questions sociales, qui tendent à les diviser. Et ça, O’Toole et le brain-trust conservateur le savent.

Ils savent aussi autre chose: que la base conservatrice se souviendra probablement de la dernière fois que le mot «coalition» a fait son apparition. C’était le 1er décembre 2008, lorsque les chefs des libéraux, du NPD et du Bloc Québécois ont signé un accord pour créer une coalition officielle visant à évincer du pouvoir le premier ministre conservateur minoritaire Stephen Harper. Cet accord a entraîné de graves bouleversements politiques, qui ont vu le Parlement prorogé, le chef libéral Stéphane Dion démissionner et aider Harper à remporter la majorité trois ans plus tard.

Un autre accord de coalition entraînera-t-il à nouveau des problèmes pour les libéraux? Si les conservateurs peuvent s’unir, se mobiliser et élargir leur base autour de la question qui compte le plus pour les Canadiens, la réponse est oui. Et avec le problème de l’abordabilité, O’Toole vient peut-être de trouver la clé.